Début mars, c’est Carnaval ! Ce jour-là, on exécute le représentant de tous les maux, coupable du mauvais temps, des catastrophes naturelles ou humaines, sous les acclamations de la foule : Monsieur Carnaval, notre bouc émissaire salvateur, brûle !
Ainsi chaque année, par tous les temps, par tous les vents, après un simulacre de jugement, Monsieur Carnaval, grotesque pantin, est sacrifié pour que règne de nouveau la paix sociale et reviennent les jours meilleurs.
C’est à ce moment-là que, tout à coup, dans l’entreprise, nous avons constaté un taux d’absentéisme anormal. Cache-toi, pauvre personnel. La recherche de coupable a sonné : est-ce la fragilité de celui-ci ? Les soucis personnels de celui-là qui rejaillissent ? Le management à l’emporte-pièce ? L’équipe bourrue qui manie l’humour mordant ? La société bulldozer qui malmène ses enfants ? Traquons notre Monsieur Carnaval et dans la liesse éliminons l’absentéisme ! Mais si cela n’était pas si simple ? Si, au lieu d’envoyer un sorcier au bûcher, nous pensions le problème de l’absentéisme comme résultant d’une entreprise qui souffre dans son ensemble ?
Nous l’examinerions comme une organisation qui produit elle-même son absentéisme. Nous verrions qu’être absent est quelquefois la réponse la plus adaptée que l’on puisse donner à une situation qui semble sans issue. Dans ces moments, finalement, chacun fait de son mieux… solution d’absence comprise.
Cette année, Monsieur Carnaval ne viendra pas.
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